Nous vous en parlions il y a quelques semaines, le Centre de la Fragilité à l’Hôpital de Jour de Limoux a ouvert ses portes.
Ce nouveau service complète le dispositif et le parcours de prise en charge de personnes âgées que l’USSAP déploie déjà sur le territoire de l’Aude avec 44 lits de Soins de Suite et de Réadaptation dont la mission est d’accueillir majoritairement des personnes âgées avec (ou non) une pathologie Alzheimer.
L’USSAP c’est aussi 5 EHPAD sur le département de l’Aude, mais il manquait en effet, une structure en format hôpital de jour, qui permette de proposer des prises en charge en amont de l’institutionnalisation.
Les membres de l’équipe pluri professionnelle vous en disent plus sur qui ils sont et leurs missions au sein du Centre de la Fragilité.
- Andréa Jacqueme, psychologue spécialisée en gérontologie. Je suis également formée en neuropsychologie. Je réalise les bilans neuropsychologiques à l’entrée des patients pour adapter leur prise en charge ici et à leur domicile.
- Sandra Bonnet, l’infirmière du service. Je suis responsable de l’accueil des patients et de la coordination auprès des professionnels qui vont travailler avec nous. Je me charge également des ateliers diététiques et de l’éducation thérapeutique afin de répondre à la prise en charge particulière pour certains patients qui présentent des fragilités diététiques. Au Centre de la fragilité, la prise en charge est individuelle et adaptée à chaque patient.
- Gaëtan Lopez, éducateur sportif. Je réalise une évaluation des personnes fragiles pour élaborer un programme adapté. L’objectif est d’améliorer la qualité de vie du patient pendant et après la prise en charge.
Pour cela, nous disposons d’un plateau technique avec un équipement spécifique pour des prises en charge individuelles et collectives. - Jérémie Payet, enseignant en Activité Physique Adaptée (APA). Mon rôle est la prise en charge des patients à travers un bilan qui permet de déceler les troubles de la marche, de l’équilibre, de la force musculaire, pour ensuite adapter la prise en charge et remédier à ces déficits. Je suis également en contact avec les associations pour que les patients puissent continuer leur programme physique à la suite de la prise en charge au sein du Centre de la Fragilité.
- Aurélie Polidoro, infirmière de formation. Sur ce service, je suis responsable de la coordination et du fonctionnement du service en tant que cadre de santé.
- Michèle Bareil-Guérin, présidente de CME. Je crois que l’ouverture de cet hôpital de jour SSR Centre de la Fragilité montre la richesse de la réflexion médicale et soignante. Ce projet, porté par ma consœur Brigitte Gers et son équipe, va être un complément à l’hôpital de jour de Chénier. Il montre que, malgré ces périodes compliquées pour le monde hospitalier, quand un projet tient au cœur des soignants et qu’il est porté par la direction, il se réalise. J’espère que cela sera un signal d’attractivité fort pour nos potentiels collègues.
Le docteur Brigitte Gers, gériatre et médecin responsable du Centre de la Fragilité vous explique ce qu’est le dispositif de prise en charge des fragilités.
- Docteur, quelle est la capacité d’accueil du du Centre de la Fragilité ?
Nous avons une capacité d’accueil de 10 personnes par demi-journée. Cet accueil de jour rentre dans tout le dispositif de soins apporté aux personnes du 3ème âge. Nous cherchons à intervenir le plus précocement possible dans l’identification des troubles de manière à pouvoir mettre en place un projet de soins permettant de maximiser l’autonomie des personnes et de retarder l’institutionnalisation par un maintien à domicile.
- Est-ce vous qui recevez les patients ?
Oui, tout à fait. Je les reçois via une consultation sur la base de la lettre de leur médecin traitant. Avec cette lettre, j’identifie si la personne rentre dans le cadre de l’hôpital de jour SSR Centre de la Fragilité.
En effet, afin de bénéficier d’une prise en charge, le patient doit répondre à certains critères : perte de poids, troubles de la marche, manque de sociabilisation.
C’est un hôpital de jour qui s’adresse aux personnes à partir de 65 ans. Lors de la consultation médicale d’accueil, nous réalisons donc un bilan complet de l’autonomie pour définir un projet de soins sur différentes dimensions.
- une évaluation gériatrique ;
- une évaluation de kinésithérapie avec Gaëtan Lopez, notre éducateur sportif et Jérémie Payet, enseignant en Activité Physique Adaptée (APA) qui vont réaliser un bilan locomoteur ;
- une évaluation diététique avec Sandra Bonnet, l’infirmière du service ;
- un bilan neuropsychologique avec notre psychologue Andréa Jacqueme qui peut également faire un dépistage pour les personnes qui disent avoir un trouble de la mémoire.
- Prenez-vous en compte les prescriptions pharmaceutiques lors de votre consultation médicale d’accueil ?
Tout à fait. Nous analysons les ordonnances médicales et nous pouvons mettre en place, en collaboration avec la pharmacienne, ce qu’on appelle une conciliation pharmaceutique.
Sur la base d’une analyse sanguine, nous allons vérifier l’état des reins, de la fonction hépatique et réaliser un bilan général. L’objectif est de définir s’il y a des médicaments qui seraient plus néfastes que bénéfiques. En fonction du bilan, nous proposerons alors au médecin traitant une modification d’ordonnance et il pourra ainsi adapter les prescriptions.
- Pouvez-vous nous en dire plus sur la prise en charge des services du Centre de la Fragilité ?
Dès lors qu’une personne est adressée par un médecin généraliste, tout est pris en charge par la sécurité sociale.
Nous nous adressons à des personnes qui commencent à avoir certaines pathologies. Certains n’avaient pas de pathologies très marquées mais la crise du Covid a entraîné un manque de sociabilité. Ce sont des personnes qui sont restées seules chez elles, qui ont moins bien mangé, qui sont devenues plus fragiles avec des risques de chute et qui ont aujourd’hui des difficultés à sortir de chez elles pour reprendre les activités qu’elles avaient.
Notre but est de les remettre sur les rails, de leur montrer leurs capacités et qu’elles peuvent encore le faire. Une fois qu’un patient est sorti de cette prise en charge, notre équipe va le mettre en relation avec différentes associations qui font de la sophrologie, du yoga, de l’activité gymnastique ou encore de la kinésithérapie. L’enjeu principal est que le patient reprenne la vie qu’il avait avant.
- La prise en charge dure plusieurs semaines. Quel type d’ateliers proposez-vous ?
Nous proposons plusieurs ateliers : des ateliers diététiques, des ateliers locomoteurs, gymnastiques, rééducation, mouvement, travail de la marche, de l’équilibre, etc.
S’il y a des personnes qui ont des maladies chroniques, nous leur proposons de l’éducation thérapeutique. Nous travaillons avec eux la maladie en petits groupes, pour que la personne comprenne mieux ce qu’est sa maladie et son traitement, afin qu’elle arrive à vivre avec la maladie et pas à travers la maladie.
C’est globalement toute cette démarche qui fait appel au cerveau de la personne et qui la rend beaucoup plus active et autonome plutôt que de rajouter un peu de médicaments pour calmer les angoisses par exemple.
Et puis s’il y a un médicament pour la tension ou pour le cœur, il faut que les personnes sachent pourquoi elles prennent ça. Ici, nous prenons le temps de répondre à leurs questions car avec le manque de médecin généraliste qu’il y a actuellement, ils ont parfois moins de temps pour expliquer aux patients. Nous travaillons ensemble, avec les associations et les libéraux parce que le but de tous, c’est le patient.
- Depuis vos débuts il y a quelques semaines avez-vous observé de l’entraide entre les personnes qui se croisent sur les demi-journées d’ateliers ?
La mise à disposition d’espaces communs comme le séjour et la cuisine et les activités de groupe favorisent les échanges et les relations entre les patients. Ils apprennent à se connaître et échangent même leurs numéros de téléphone pour se retrouver à l’extérieur. D’autre part, nous mettons également les patients en relation avec les associations. Nous allons les aider et les aiguiller afin de trouver l’association qui leur correspond le mieux.
- Pour finir, est-ce que les familles et les proches de vos patients bénéficient d’un accompagnement particulier ?
Nous sommes tenus au secret professionnel donc nous recevons uniquement les familles avec l’accord du patient, comme dans tout cabinet médical.
Toutefois, si le patient souhaite la présence d’un proche en consultation, nous faisons le nécessaire pour lui expliquer ce qu’est la fragilité, car parfois les nouvelles fragilités de la personne font très peur à la famille.