Découvrez les portraits de Betty Mutte et Romain Imbert, Infirmiers en Pratique Avancée à l’USSAP, un nouveau métier d’infirmier(e) aux compétences élargies.
- Bonjour, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Betty Mutte, 43 ans, je suis infirmière depuis 2013 suite à une reconversion professionnelle (anciennement conseillère financière dans un établissement bancaire).
Après l’obtention de mon diplôme d’État, j’ai principalement exercé en psychiatrie, au CHU de Toulouse, dans une unité spécialisée dans les troubles de l’humeur et à l’Hôpital de jour d’art thérapie « Louise Bourgeois ».
J’ai intégré le cursus d’Infirmier en Pratique Avancée, spécialité Psychiatrie et Santé Mentale en 2019, à l’Université Paul Sabatier sur une durée de 2 ans. À la fin de cette formation, j’ai participé à la campagne de vaccination contre la Covid sur quelques mois, pour rejoindre aujourd’hui l’USSAP sur le CMP de Castelnaudary, afin de prendre en charge les patients présentant des troubles psychiatriques chroniques stabilisés.
Romain Imbert, 35 ans. J’ai fait plusieurs choses dans ma vie : de la gestion, de la restauration, barman, et IDE sur le tard. J’ai passé un peu plus d’un an sur l’unité Anne-Marie Javouhey à Limoux avant d’intégrer la formation I.P.A.
Je me destinais plus à une formation IADE (Infirmier Anesthésiste Diplômé d’État), mais mon expérience en psychiatrie m’a fait changer mon fusil d’épaule !
- Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste votre métier ?
Betty : Notre métier consiste à participer au suivi et à la prise en charge des patients présentant un (des) trouble(s) psychiatrique(s) stabilisé(s) en collaboration avec le(s) psychiatre(s) et l’équipe pluri-professionnelle de la structure et le réseau.
Nos missions sont orientées vers la clinique, la formation, la coordination et la recherche.
Romain : L’Infirmier en Pratique Avancée est un nouvel acteur dans la prise en charge des patients. Son action se situe entre l’IDE et le médecin psychiatre (pour la mention Psychiatrie Santé mentale, évidemment) et il assure le suivi des patients chroniques stabilisés en collaboration avec l’équipe. Il est établi un protocole de coopération entre les psychiatres et lui-même qui borne son champ d’action.
Cela concourt à la stabilité grâce à la modulation et au renouvellement des traitements instaurés par le psychiatre, et permet une réponse plus rapide à des problématiques soulevées par les IDE.
- Et concrètement, si vous deviez décrire les principales tâches que vous effectuez au cours d’une semaine type ?
Betty : Les tâches principales sont :
- Des entretiens d’évaluation et de suivi de patients pris en charge, en collaboration avec un psychiatre de la structure (modification du traitement, orientation, éducation à la santé, prévention, dépistage…)
- Un travail d’information et de connaissance des différents acteurs de l’USSAP et du réseau de l’Aude (médical, paramédical, social, éducatif, associatifs…), pour expliquer notre nouveau métier et notre rôle et mieux orienter les patients dans leur parcours.
- Des réunions pluridisciplinaires cliniques et organisationnelles afin de participer à l’amélioration de la PEC globale des patients, de la qualité des soins dans le cadre de leur parcours de soins.
Romain : Les tâches principales sont :
- En CMP, les entretiens de suivi, les renouvellements d’ordonnance et la réflexion sur les différentes orientations possibles pour une personne.
- En clinique, ce sera plutôt la liaison avec le CMP, le suivi des patients avant sortie afin de reprendre certaines explications, certains éléments. Mais également la gestion de certains traitements tels que les benzodiazépines, afin qu’il y en ait le moins possible à la sortie.
- Qu’est-ce qui vous a motivé à vous engager dans cette voie ?
Betty : Ma motivation première est de participer à une meilleure accessibilité aux soins psychiatriques pour les patients en souffrance, en libérant du temps médical, et en apportant une expertise professionnelle complémentaire.
Une certaine évolution dans l’autonomie de notre profession et dans le cadre de la prise en charge globale des patients.
Ne plus scinder la psychiatrie du somatique et inversement : il y a encore du chemin.
Romain : Les compétences infirmières sont sous-exploitées au regard des apports théorico-pratiques de la formation et des tâches qui leur sont dévolues sur le terrain. Ce nouveau diplôme permet de remettre la profession au cœur du parcours de soins : nous les infirmiers et les ASD, sommes les seuls à assurer une présence permanente auprès des patients.
- Selon vous, quelles sont les qualités essentielles pour exercer ce métier ?
Betty : L’adaptabilité, la réflexivité et l’anticipation sont des qualités essentielles. Sur le plan humain, l’empathie, l’écoute et le non jugement, sans omettre l’ouverture d’esprit, la curiosité et la remise en question permanente sur le plan professionnel.
Romain : On la cite trop souvent, peut-être est-elle du coup banalisée, mais l’empathie est primordiale ! Savoir différer une demande ou nuancer une urgence cliniquement est également très utile. Et puis la psychiatrie est peut-être la seule discipline où la parole de la personne en face est primordiale : donc être à l’écoute autant humainement que cliniquement.
- Qu’est-ce qui fait que vous aimez votre métier ?
Betty : La nouveauté, l’autonomie et notre participation au maintien de la stabilité de l’état de santé des patients, en participant aux prises de décisions complexes qui s’ouvrent avec cette nouvelle profession. J’aime également le contact avec les patients, l’expertise infirmière, le travail d’équipe et participer à l’amélioration de la prise en charge globale des patients.
Romain : La nouveauté et le champ des possibles qui s’ouvrent avec cette nouvelle profession, le contact avec les patients et le travail en équipe.
- Si vous aviez une chose à changer ?
Betty : Faire évoluer le regard de la profession d’infirmier(ère) en France, et faire valoir notre rôle propre, le développement de nos compétences, l’autonomie de notre profession.
Romain : L’arrivée des I.P.A est déjà un grand changement ! Prenons notre temps et montrons de quoi nous sommes capables.
- Un conseil que vous donneriez à un jeune qui veut faire le métier d’Infirmier en Pratique Avancée ?
Betty : Privilégier une formation universitaire en présentiel, construire un projet professionnel en lien avec l’équipe médicale et la structure et garder les valeurs de notre profession.
Romain : Fonce gamin !
- Pouvez-vous nous parler d’une expérience particulièrement enrichissante depuis que vous êtes Infirmier en Pratique Avancée ?
Betty : Le regard positif des patients sur la possibilité d’être suivi par un IPA.
Romain : Une patiente, que je connais en partie personnellement, pour qui une structure annexe de l’USSAP m’a appelé par rapport à une baisse de l’humeur, préconisant une hausse d’un antidépresseur. Après analyse clinique, nous avons donc augmenté le thymorégulateur et nous avons tapé dans le mille ! Cela rassure sur notre apport en pharmaco.
- Quelle est votre devise ou citation préférée ?
Betty : « Un pour tous, tous pour un »
Romain : « Il n’y a pas de problème, il n’y a que des solutions »
- Qu’est-ce qui vous inspire en ce moment ?
Betty : Accompagner le changement et « poser mes jalons » sur ce nouveau métier avec la perspective de le faire évoluer.
Romain : L’émulsion autour de la Pratique Avancée est un bon moteur au quotidien.
- Si vous deviez jeter une bouteille à la mer, quel message glisseriez-vous dedans ?
Betty : « Crois en toi et garde le cap ! »
Romain : « Remplissez-la » !
- 3 mots pour décrire l’USSAP
Betty : Engagement, Innovation, Diversité.
Romain : Opportunités, Richesse, Ouverture.